Green, l’artiste activiste
Créateur engagé, Green expose dans les rues croix-roussiennes ses installations pour surprendre et éveiller les consciences.
L’œuvre n’aura vécu que 24 heures. Si vous êtes passé par l’esplanade de la montée de la Grande-Côte en début janvier, vous êtes peut-être tombé sur un énorme cendrier et un paquet de cigarettes posés sur le bitume. En papier mâché, l’installation éphémère avait un objectif bien précis : interpeller sur les dégâts environnementaux causés par les mégots jetés dans la nature.
Derrière cette réalisation se trouve Green, qui diffuse ses créations dans les Pentes et sur le Plateau. Il y a eu la raie étoffée par un filet d’ordures sur la place des Tapis, la mante religieuse près du Gros Caillou ou encore le colibri rue des Tables-Claudiennes. Discret, le Croix-Roussien a toujours cultivé une forme de mystère, même s’il s’est récemment décidé à montrer son visage. « Mes messages sont plus importants que mon nom ».
Insatiable. Jardinier au cœur d’artiste, Green a posé bagages à Lyon il y a dix ans. « En arrivant à la Croix-Rousse, j’ai découvert l’art de rue et j’ai eu envie de me lancer en apportant ma touche », relate celui qui a commencé par de petites compositions d’écorces. En 2015, son expérience d’activiste au jardin des Pendarts (friche occupée par des habitants qui seront expulsés, NDLR) l’inspire et le pousse à réaliser des œuvres plus marquantes afin d’imposer son message écologiste et de sensibiliser.
Ces installations qui demandent des mois de travail ne restent en place que quelques jours, voire quelques heures avant d’être détruites par la pluie, ramassées par les services de propreté ou parfois même « volées ». L’artiste dépose ses statues de papiers à l’aube et prend toujours le temps d’observer la réaction des passants. « Beaucoup s’arrêtent, lisent les inscriptions, prennent des photos », raconte Green qui veut ainsi « faire sa part » en agissant à son niveau. « Même si c’est de plus en plus compliqué, j’essaie de garder mon optimiste. Tant que je pourrai essayer de faire passer mes messages, je le ferai. Qu’importe l’impact. » Créateur insatiable, il enchaîne les réalisations qu’il façonne dans son salon. Il planche déjà sur sa prochaine œuvre qui devrait être plus massive que les précédentes.
R.D.
Bio express
36 ans. Né en Normandie, l’artiste Green a vécu ses deux premières années au Sénégal avant de rejoindre la région parisienne puis Lyon il y a dix ans, où il a développé ses créations dans la rue. En 2019, il a ouvert une Marche pour le climat avec son colibri sur le dos.
instagram.com/green_vegetal_work
Spot favori
The Dog’s Bollocks, 165 boulevard de la Croix- Rousse (Lyon 4).
Photo : Philippe Guilloud