L’Horloger de la Croix-Rousse sacré Maître d’art
François Simon-Fustier peut être fier. L’Horloger de la Croix-Rousse (restauration d’horloges et de pendules pour particuliers et musées) vient de devenir le premier artisan de sa spécialité à être nommé Maître d’art. Décernée directement par le ministre de la culture, cette distinction à vie est non seulement la reconnaissance d’un parcours d’excellence mais aussi une forme d’engagement à la transmission des savoir-faire. François Simon-Fustier a ainsi pris sous son aile, Robin Putinier, jeune chef d’atelier de 26 ans qui travaille à ses côtés depuis déjà dix ans.
Créé en Haute-Loire, au début du XXe siècle par son arrière-grand-père, l’atelier a grandi en traversant les décennies, s’installant un temps dans la Loire, puis rue Jacquard à la Croix-Rousse, en 1997 alors que François Simon-Fustier prenait les commandes de la maison. Début 2015, l’entreprise a finalement traversé la frontière caluirarde pour se lover dans un maison « cachée » où vit d’ailleurs le chef. L’atelier sécurisé — certaines pièces peuvent dépasser les 100 000 euros — est bercé par le cliquetis des horloges et les tintements des carillons.
« Titanesque ».
Mais le chantier le plus impressionnant prend place à Mafra (Portugal) avec la restauration des deux plus imposantes horloges carillons du monde. Un casse-tête « titanesque », sans plan et document technique, toujours en cours, pour lequel la fine équipe a eu recours à la modélisation 3D via le programme Chronovision qu’elle développe depuis plusieurs années.
Pour l’Horloger de la Croix-rousse, l’obtention du Graal n’est pas une fin en soi, mais plutôt le début d’une nouvelle aventure. Le joyeux tandem va, en effet, se lancer dans un projet pédagogique sur trois ans. Leur idée : créer une horloge « révolutionnaire et horizontale » dont le mécanisme a été publié dans l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Une façon, pour celui que ses employés surnomment affectueusement le « patron », de léguer l’ensemble de ses compétences et de laisser une trace en mettant au point un objet qui s’appui sur 300 ans d’histoire et de technique. « C’est un grand bonheur de se dire que l’on est des “passeurs”, conclut l’artisan. Le petit bout d’histoire que l’on récupère continue à vivre parce qu’on y a mis les doigts dedans. C’est un privilège incroyable. »
Romain Desgrand
Un parcours d’exception
Amoureux de son métier, François Simon-Fustier (57 ans) est quatrième la génération d’horloger depuis 1906. Il est aujourd’hui le seul détenteur du brevet de maîtrise supérieur en horlogerie en France. En juillet dernier, son atelier qui emploi quatre personnes, est devenu le premier admis au Groupement de restauration de monument historique.
En photo : Le Maître et son élève : François Simon-Fustier et Robin Putinier.