Squat Maurice Scève : la Métropole espère une expulsion avant la rentrée
« On entre dans une phase active, où il va falloir se battre pour ne pas se faire expulser. Et faire valoir nos droits ! ». Dans la chaleur écrasante de juin, les migrants installés dans l’ex-collège Maurice Scève et le collectif de soutien se sont réunis la semaine dernière à l’arrière du bâtiment pour leur assemblée hebdomadaire. Avec, cette fois-ci, un enjeu de taille : la Métropole de Lyon, propriétaire, a officiellement assigné les résidents en justice pour une expulsion. Ici, après la signature de la vente du site, doit prochainement se déployer un programme immobilier orchestré par Vinci.
Prévue le 28 juin au tribunal de grande instance de Lyon, l’audience a été reportée au 24 juillet à la demande des avocats des occupants, qui bénéficient ainsi de quelques semaines supplémentaires pour préparer leur défense.
Voilà bientôt un an que l’ancien collège a été réquisitionné pour héberger, à la base, une quarantaine de jeunes migrants originaires d’Afrique subsaharienne installés dans les Pentes. Le nombre d’occupants a rapidement gonflé (lire ci-dessous). À l’automne, le tribunal administratif avait rejeté une demande d’expulsion immédiate de la Métropole, permettant ainsi aux migrants de passer l’hiver sur place.
Complexe, cette situation sensible a déjà donné lieu à des interjections entre les membres de collectif de soutien composé de Croix-Roussiens et d’associations et David Kimelfeld, maire du 4e et président de la Métropole, instance en charge de la protection de l’enfance et donc de celles des mineurs étrangers (lire ici).
Sur place, les migrants ont essentiellement deux demandes : un toit et une autorisation de travail. Pour le collectif de soutien, la Métropole se précipite et utilise « un double langage » en aidant les résidents via l’intervention d’associations et l’aménagement du site tout en les poursuivant en justice.
« Depuis le début, on explique qu’il va falloir quitter les lieux car un programme immobilier est en préparation (93 appartements dont 28 logements sociaux, équipement public… NDLR.) », répond un proche collaborateur de Kimelfeld qui précise que 50 mineurs isolés ont été pris en charge par la Métropole ou réorientés. « Il faut arrêter de caricaturer : on n’expulse pas des migrants pour construire des appartements pour les riches. Le quartier a besoin de ses logements ! Il est indispensable que le site soit libéré à la rentrée pour assurer la livraison du projet à temps ».
Vendredi dernier, suite au report de l’audience, plusieurs habitants du squat se sont rassemblés devant la mairie du 4e arrondissement. Une rencontre est prévue cette semaine entre le collectif de soutien des migrants et David Kimelfeld. À la fin du mois, le tribunal devra trancher.
Romain Desgrand
Qui vit au squat Maurice Scève?
Aujourd’hui, environ 250 personnes, en grande majorité des hommes, vivent dans l’ancien collège Maurice Scève aux statuts divers (certains sont, par exemple, demandeurs d’asile). Selon la Métropole, il resterait très peu de mineurs sur place. Des femmes ont récemment rejoint le squat accompagnées de jeunes enfants.