DA réinvente les femmes
Jusqu’au 4 juin, l’artiste collagiste Alexandra Dupin, alias DA, expose ses créations sur le Plateau.
Il y a quelque chose de mystérieux, d’insaisissable chez Alexandra Dupin. Assise en terrasse au Bistrot fait sa Broc’, où elle présente actuellement ses collages, ses grandes lunette noires cache son regard. Elle tient entre ses mains un petit post-it sur lequel elle a griffonnée quelques informations à ne pas oublier : de sa première expo de collages il y a quatre ans à l’occasion du centenaire du mouvement Dada — l’une de ses grandes inspirations — à ses projets internationaux actuels.
Coiffé d’un bandana rouge, l’artiste s’excuse à plusieurs reprises par peur d’être trop évasive en évoquant ses créations. « Il y a des images qui racontent inconsciemment un peu mon histoire, conçoit-elle. Mais je n’intellectualise pas tout. »
Sortir du contexte.
Sculptrice de formation, c’est lorsque sa route croise celle d’un artiste collagiste qu’elle s’ouvre à une toute nouvelle forme d’art. « Pendant des années, je l’ai observé. Je trouvais cela merveilleux de pouvoir sortir une image du contexte et d’en faire carrément autre chose, de l’intégrer dans une autre univers. Alors j’ai sauté le pas. Et je n’ai jamais arrêté, je me suis même professionnalisée », raconte la Caluirarde.
Également influencée par le Bauhaus, le constructivisme Russe ou encore la typographie, Alexandra arpente les brocantes pour dénicher de vieille revues des années 50. « Il y a un esthétisme qui me touche, c’est la France glorieuse, la France en reconstruction, la naïveté, les couleurs, l’insouciance et l’élégance », explique-t-elle.
À partir de ces vieux documents chinés, elle découpe avec délicatesse l’image au cutter pour l’extraire de son contexte initial, la transformer, et la marier avec des formes géométriques et des visuels.
Toujours très graphique, ces constructions gravitent souvent autour d’un personnage féminin : une hôtesse de l’air, une pin-up, un mécanicienne… « Je veux montrer la femme dans tous ces états, toujours de façon élégante ».
Dans le même esprit, elle participe actuellement au projet Vénus, une vente aux enchères caritative pour la lutte contre le cancer du sein à la fois comme modèle et artiste.
Prochaine étape : s’exporter. Même si Alexandra fait déjà vivre ses créations en Pologne, elle rêve d’aller plus loin et de traverser l’atlantique pour se faire une place à New-York.
Romain Desgrand
3 Rue Dumenge. Comptez entre 170 et 230 euros pour une oeuvre. Jusqu’au 8 juin expo collective dans la galerie Superposition, place Gensoul dans le 2e.
Bio Express
43 ans. Alexandra Dupain est née en Haute-Savoie.
Diplômée de l’École supérieure d’ebénisterie d’Avignon en 2000 option sculpture d’ornements et dorure sur bois. Pratique la dorure et la restauration d’objets anciens pendant 6 ans à Lyon (elle est notamment passé chez Géraldine Arbore dans la montée de Grande Côte). Depuis 4 ans, elle se concentre sur l’assemblage d’images.
Son Spot favori
Le Bistrot fait sa Broc’ 3 Rue Dumenge et L’ivry Restaurant, 14 rue du Mail
Chaque jeudi, retrouvez 4 pages sur la vie de la colline de la Croix-Rousse dans l’édition La Croix-roussienne de Tribune de Lyon. En kiosque sur les Pentes et sur le Plateau.