Dans les chimères de Catherine Mainguy
Jusqu’au 12 mai, Catherine Mainguy présente Chimères organiques dans sa galerie située au pied de la montée de la Grande-Côte. Dans cette exposition collective envoûtante, elle continue d’interroger sur les figures du féminin.
Du noir partout. Sur les murs, le sol, le plafond et même sur ses vêtements. C’est d’abord ce qui frappe lorsque l’on se glisse dans l’atelier-galerie de Catherine Mainguy. Depuis sa précédente expo collective Autour du bestiaire, l’artiste cultive une ambiance de cabinet de curiosité, propice à l’onirisme et à l’introspection. Une atmosphère sombre qui tranche avec la chaleur de la personnalité de cette quadragénaire délicate au regard océan.
Particulièrement humble sur sa démarche artistique, Catherine Mainguy est en perpétuelle ouverture sur le monde, prête à se laisser toucher et à exprimer sa sensibilité. « Tout est susceptible de donner matière à créer, explique-t-elle. Les rencontres me nourrissent et sont sources d’inspiration ».
Sa dernière exposition, Chimères organiques, est d’ailleurs l’histoire d’une rencontre avec Natalie Lanson (encre sur papier, couture, collage) et Juli About (céramique). Les trois artistes ont mêlées leur univers pour proposer une plongée dans le biomorphisme. Catherine en profite aussi pour continuer son exploration du monde du féminin, l’un de ses thèmes de prédilection.
« Dévoilons Marie ! »
Touche-à-tout, celle qui enfant déjà avait confié à ses parents vouloir être artiste aime mélanger les genres, surprendre en associant les médiums. Nue, voilée, couverte de peinture, etc. : elle se photographie dans des mises en scène étudiées pour ensuite retranscrire les clichés sur des toiles sur lesquelles elle a créé des aspérités. « Le rendu est parfois radiographique. On a l’impression de rentrer dans le corps », explique-elle.
L’image de la femme est omniprésente. En jouant sur trois icônes (Vierge Marie, Marie-Madeleine et Marianne), Catherine Mainguy cherche à bousculer nos représentations. Sur l’un des tableaux la vierge semble ôter son voile pour laisser découvrir ses seins. « Dévoilons la vierge !, lance-t-elle. Et si on s’était trompé ? La virginité était peut-être ailleurs. Il s’agit peut-être plutôt d’une pureté de coeur et d’esprit. »
Au delà de l’image « choc », la créatrice veut aussi questionner sur les rapports hommes-femmes, sans pour autant tomber dans un féminisme radical et fermé.« Il a une vraie bataille à mener pour trouver un équilibre entre les deux sexes. Le mouvement Me Too a d’ailleurs permis de délier les langues et de rappeler que même dans les pays occidentaux il y a encore un réel soucis. »
À noter que, le 12 mai, jour de fermeture de l’expo, un brunch est organisé avec les artistes (de 11h à à 15 h) et le musicien Ernest de Jouy qui a composé une chanson spécialement dédiée à l’exposition.
Romain Desgrand
Bio express
40 ans. Née à Bourgoin-Jallieu, Catherine Mainguy vit dans les Pentes de la Croix-Rousse. Après des études d’arts appliqués en design textile à l’école Duperré à Paris, elle poursuit son parcours à Lyon à la Martinière Diderot. Elle a ouvert sa galerie au 130 montée de la Grande-Côte (Lyon 1er), il y a 11 ans.
Spot favori
Les jardins de la montée de la Grande-Côte, « un lieu magique notamment au printemps avec les arbres en fleur ». Amoureuse de son quartier, elle cite un artiste local : « Vivre dans les Pentes, c’est savoir lever la tête et regarder les choses autrement ».