Famille Balastéguy : 65 ans de photo sur la colline
Voilà soixante-cinq ans que la famille Balastéguy immortalise en images les meilleurs moments de vie des Croix-Roussiens. Après son grand-père, puis son père José qui a ouvert deux studios de photographie sur la colline, Christine Balastéguy perpétue encore aujourd’hui, avec amour et nostalgie, la tradition familiale. Et ce, malgré les turbulences que traverse la profession.
Lorsque, la curiosité piquée au vif, nous lui demandons de nous faire visiter son laboratoire de photographie, le refus est cordial mais catégorique. « Je ne le montre pas. C’est mon petit jardin à moi », sourit-elle. Elle est comme ça Christine Balastéguy : cash, sans filtre. Mais derrière ce caractère mordant, bien connu dans le quartier, se cache en réalité l’âme d’une grande sensible, drôle et parfois nostalgique.
Dans son studio photo situé au 23 place de la Croix-Rousse, un montage trône au milieu des visages et des cadres. Sur l’image, deux époques se mélangent : le père, José, sourit à l’objectif dans les années soixante tandis qu’à ses côtés Christine s’élance, appareil photo en main, dans un cliché pris à la fin du siècle. Tout un symbole.
La saga Balastéguy est une histoire de longue date sur la colline. Venu d’Andalousie, le grand-père de Christine se pose rue des Tables-Claudiennes où il installe un laboratoire de photo dans une chambre à l’étage. José poursuivra dans cette lignée en ouvrant un premier studio place Chardonnet en 1953 – où il aménage un jardin dans la cour pour les photos de mariage – puis un second sur le Plateau en 1959. « Jusqu’en 1993, nous avons vécu avec les deux magasins avant que la boutique place Chardonnet ne soit vendue pour devenir une crèche, tandis que celle de la Croix-Rousse s’agrandissait », raconte Christine.
Vocation.Longtemps, la jeune Balastéguy a voulu devenir psychologue, avant d’être rattrapée par le virus familial. « J’aime les portraits : capter le regard, les attitudes, les émotions. Les gens qui sont mal dans leur peau se font parfois prendre en photo en guise de thérapie, comme pour sauver leur état d’âme. » Mais ce dont la portraitiste raffole le plus, c’est « capter un moment particulier dans la vie de quelqu’un, pour créer de beaux souvenirs », souligne-t-elle. « Les selfies, c’est marrant, mais ça ne peut pas suffire à montrer une personne. »
Avec le numérique, il a fallu s’adapter et proposer de nouveaux services (livre album, tirage de photos de téléphone, etc.), mais l’activité a été considérablement réduite. De presque dix salariés dans les années quatre-vingt-dix, l’équipe ne comporte plus que deux personnes. Et Christine refuse depuis quelques années de couvrir les mariages, trop embêtée par les smartphones inlassablement tendus de toute part. « La décision fut rude, j’ai beaucoup pleuré. Mais cela ne me correspondait plus. »
Fille unique, Christine, qui n’a pas d’enfant, reste plongée dans l’incertitude quand à l’avenir de son studio. Elle espère qu’il sera repris à son départ pour que l’empreinte de sa famille puisse perdurer dans le quartier.
Romain Desgrand
Bio Express
62 ans. Christine Balastéguy est née rue Bournes. Elle a fait partie des Talents de la Croix-Rousse en 2013. Elle a directement été formée par son père José, qui est décédé en 2010. Sa mère travaillait également au studio comme secrétaire. Christine a été mariée quelques années avant de divorcer. Elle aime aussi faire des photos de boxeurs sur le ring.
studio-jose-photographe.com
Spot favori
Cette enfant du Plateau ne peut se résoudre à mettre en avant un lieu du quartier. « J’aime toute MA Croix-Rousse » (sic), assure-t-elle.