Commerces : les Pentes dans l’attente d’un nouveau souffle
Pour Nadia Debache, le compte à rebours est enclenché. La gérante de L’Odyssée de Nima, situé au 1 rue des Capucins a lancé un cri d’alerte la semaine dernière sous forme de campagne de financement participatif (GoFundMe). Objectif : sauver son concept-store.
Ouvert en octobre 2017, ce bar à thé-boutique traverse une sérieuse zone de turbulence, notamment dû aux manifestations qui se déploient en centre-ville depuis le mois de décembre. « On ne peut pas tout mettre sur le dos des Gilets jaunes mais il y a clairement un impact : le samedi, les gens évitent le centre-ville. J’avais énormément de charge de démarrage et je comptais beaucoup sur la fin de l’année. Je suis passé de 6000 euros de chiffre d’affaires en décembre 2017 à 2750 euros fin 2018 », explique-t-elle.
Un cas isolé ? Non assure-t-elle. « La rue des Capucins se meurt ». Pour diverses raisons, plusieurs commerces du quartier ont, en effet, baissé le rideau dernièrement : Poil de Chameau, dont le local n’a toujours pas trouvé repreneur, la boutique de décoration Mémé en Autriche, ou encore, dans un autre registre le bar à chicha l’Orienthé.
Manque de passage, concurence du commerce en ligne… La situation est complexe dans cette zone pourtant « protégée » par la Ville. Pour préserver la diversité du commerce et de l’artisanat, les commerçants et les propriétaires ont l’obligation de déclarer à la mairie les cessions de baux et fonds de commerces, sur lesquels la collectivité peut préempter. Sans parfois trouver repreneur.
Problème d’identité. Pourtant certains gérants gardent espoir. À la tête d’Exoshoes, Candice Tordjmann fermera bientôt sa boutique pour s’installer en périphérie de Lyon pour des raisons familiales. Pour son propre local, des dossiers sont déjà en lice. « Ça va repartir ! », s’exclame-t-elle, confiante. Le bar branché La Madone a ouvert l’été dernier et le futur espace de coworking situé proche du commissariat pourrait drainer une nouvelle population.
Mais, pour Jean-Pierre Bouchard, adjoint à la vie économique à la mairie du 1er, la rue des Capucins souffre d’abord d’un problème d’identité : « Sa configuration est loin d’être paissible et la rend peu accueillante. Il faudrait réaménager certains point forts, comme la place du Forez, pour la rendre plus attractive ».
Plus bas, rue Romarin, les manifestations couplées aux travaux de place des Terreaux fragilent aussi plusieurs boutiques. En fin d’année dernière, la présidente de l’association Carré Romarin, Johanna Benedetti a tiré la sonnette d’alarme en adressant une lettre à Fouziya Bouzerda, vice-présidente de la Métropole, qu’elle a pu rencontrer il y a quelques semaines.
Pour pallier au manque de lisibilité dû aux travaux, une banderole financée par les commerçants pour marquer l’entrée dans les Pentes pourrait être installée au printemps. Un premier pas en attendant des solutions pérennes (amélioration de l’urbanisme, meilleure signalisation, etc.). « Nous avons le quartier qui comporte la plus forte concentration de créatifs en Europe, il faut le valoriser ! », assure Johanna Benedetti. En attendant, Nadia, elle, n’a plus que quelques jours pour tenter de sauver sa boutique.
Romain Desgrand
Un commentaire
« la place du Forez »
Tout comme les autres « places », ce serait bien de les appeler comme il se doit.
« Parking » ou ici, « rond point », ce n’est pas une place. C’est un carrefour, on a pas envie de s’y poser ca pue le pot d’échappement.
Lyon01 piéton.