La vie au cimetière de la Croix-Rousse
Ne vous fiez pas aux apparences. Bien qu’il y règne une certaine quiétude, le cimetière de la Croix-Rousse n’est pas synonyme de repos pour tout le monde. « Il y a beaucoup plus de vie qu’on ne le pense ici ! », souligne Élisabeth Dechanoz, la conservatrice du site ouvert 363 jours par an. Cette année, le cimetière a déjà été le théâtre de 270 inhumations. Pour orchestrer au mieux les journées, cinq gardiens et quatre agents d’entretien se succèdent. « Il faut aussi assurer la sérénité des lieux », ajoute Élisabeth Dechanoz.
Car il n’est pas rare que des excentriques se lancent dans un footing entre les tombes, quitte à perturber les cérémonies. Récemment, l’engouement suscité par un jeu vidéo a même poussé certains geeks à s’aventurer dans une chasse aux Pokémons. Mais c’est surtout le lien avec les visiteurs endeuillés qui rythme le temps. « Certaines personnes viennent tous les jours », note Gilles Negro. Gardien depuis 24 ans, celui qui vit dans l’ancien cimetière n’hésite pas à leur rappeler que « le plus beau tombeau des morts, c’est le cœur des vivants ».
Manque de place Ici, il est également possible de disperser les cendres d’un défunt dans le Jardin du souvenir, ou de les déposer dans une urne biodégradable au pied d’un rosier. « Il existe, par ailleurs, deux terrains gratuits pour les personnes isolées ou celles qui n’ont pas souhaité investir dans une concession (au moins 520 euros pour 15 ans, NDLR.) », explique Jean-Pierre Cornu, directeur des cimetières de la Ville de Lyon. L’enjeu pour les années à venir sera de trouver de la place, avec les concessions abandonnées. « Avec le Papy boum, un pic de mortalité est attendu pour 2020. » Chaque soir, la cloche annonce la fermeture imminente. Malgré tout, des visiteurs se font parfois enfermer. Seule solution : composer le numéro d’urgence et attendre que les services viennent à nouveau ouvrir la grille sur le monde des vivants.
Romain Desgrand