« Monsieur et Madame Tout-le-Monde ont besoin de chant dans leur vie »
13 juillet 2018
Installée sur la Colline, La Chorue, chorale de rue, investie depuis plusieurs années places et boulevards pour remettre du chant dans notre quotidien. Directeur artistique de l’ensemble, François Hollemaert tente de réveiller de vieilles traditions oubliées.
« Peut-on se retrouver chez moi ? Le timing est un peu court ce matin. » Ce SMS reçu de bonne heure et ponctué de smileys amusants nous invite à revoir notre trajectoire. C’est n’est pas dans la salle de répétition de la chorale située au sein de l’école de théâtre de Lyon, 53 rue des Tables Claudiennes, mais au cœur de la grande rue de la Croix-Rousse que nous retrouvons François Hollemaert. Lové dans une cour intérieure, l’appartement revêt des airs de maison de campagne. L’homme à la petite moustache nous reçoit en pantoufles en s’excusant du contretemps. Il nous a préparé un texte griffonné au dos d’une partition. « Je le remettrai au propre », promet-il. Pas de doute : nous avons affaire à un drôle d’oiseau.
Un répertoire éclectique
Chanteur lyrique, François a initié La Chorue il y a cinq ou six ans (il ne se souvient plus trop de la date). « Ayant fait mes études à Notre-Dame de Paris, je n’avais plus envie de musique sacrée. Je voulais un répertoire festif. La rue, c’est génial pour ça ! », lance-t-il. Aujourd’hui, le groupe vocal se compose de 17 chanteurs soigneusement sélectionnés après une audition pointue. Ils se réunissent tous les mercredis soir dans les Pentes pour répéter, et sortent dans la rue à la demande (marché, squat, jardin…). « Cette disponibilité me rappelle les fanfares d’école de musique du nord de la France d’où je suis originaire. Elles jouaient lors des manifestations républicaines quand j’étais gamin. » Le répertoire, coloré et rythmique, regroupe des musiques d’Amérique du Sud, des refrains traditionnels ou encore des textes engagés.
Mémoires
Au-delà de l’aspect cocasse de chanter sur le trottoir, La Chorue veut aussi renouer avec d’anciennes coutumes laissées de côté. « La télévision et les guerres ont complètement annihilé la France chantante. Dans les chorales de séniors que j’ai pu diriger, les aînés se souviennent de leur père qui, à la fin du repas, montait sur la table pour chanter. »
Dans le chant composé de plusieurs voix, « il y a quelque chose qui nous touche profondément et qui réveille notre inconscient collectif », ajoute François. Il se tourne vers son piano pour faire résonner deux notes distinctes. « Ça fait du bien. Monsieur et Madame Tout-le-Monde ont besoin de ça. »
Romain Desgrand
Bio Express
Originaire du nord de la France, François à 45 ans.
Son spot favori
Restaurant Le Cinoche, 7 rue Dumenge, et le trajet du matin pour accompagner son enfant à l’école.