Un habitat groupé et coopératif
Le permis de construire est sur le point d’être signé pour le premier immeuble participatif de la Croix-Rousse, rue Philippe-de-la-Salle (livraison prévue fin 2019).
En apparence, ce sera un immeuble d’habitation de cinq étages comme les autres. Mais, avec ses coursives conçues pour que les habitants puissent se croiser, sa buanderie, sa salle des fêtes, sa chambre d’amis, son jardin et son potager commun, le Cairn est un projet atypique. Porté et conçu par des habitants du quartier, il s’agit du premier habitat groupé et coopératif créé sur le Plateau. Un projet écologique voulant favoriser le vivre ensemble, la mixité sociale et lutter contre la spéculation immobilière.
Il aura fallu une décennie pour que le rêve d’une bande de copains devienne réalité. « Nous étions alors huit ménages à déplorer la hausse des loyers et des prix de l’immobilier. Nous avions entendu parler du Village Vertical, un habitat coopératif à Villeurbanne. On s’est dit qu’on pouvait faire de même à la Croix-Rousse », raconte Séverine Puel, une des fondatrices de l’association Groupe du 4 mars 2009, date du début de l’aventure. Les coopérants se mettent alors en quête d’un terrain durant plusieurs années avant de convaincre le maire du 4e, David Kimelfeld, de l’intérêt du projet. Ce dernier leur propose en 2013 une friche de 1 700 m2 face au cimetière. L’association croise ensuite le bailleur social Alliade Habitat. Ce terrain appartenant à la Métropole va prochainement être cédé au bailleur, qui va y bâtir 11 logements sociaux et les 13 appartements de la coopérative. « Notre coopérative achètera l’immeuble à Alliade grâce à nos apports respectifs et un emprunt bancaire, garanti par le bailleur et les collectivités. Les 13 familles seront locataires de la coopérative », explique Loic Rigaud, un des derniers arrivés dans le Groupe. Coût pour la coopérative : 2,5 millions d’euros, soit environ 200 000 euros en moyenne par logement. Les appartements de 50 à 80 m2, du T2 au T4, seront loués entre 600 et 1 000 euros par mois, un prix inférieur à celui du marché. « Mais les loyers n’augmenteront pas dans le temps ».
Et ici pas de spéculation. Celui qui quitte l’immeuble et la coopérative ne récupèrera que son apport. Et le nouvel arrivant devra s’acquitter de la même somme. Les 13 futurs occupants espèrent que leur aventure en inspirera d’autres. « C’est un modèle facilement reproductible », souligne Loïc Rigaud.
Frédéric Crouzet