Sam et Gil « Les bars sont l’identité du quartier »
On compte plus de cent bars entre les Pentes et le Plateau. Pas vraiment un hasard, puisque les bistrots sont au coeur de l’esprit croix-roussien. c’est même sans doute dans ces lieux qu’il se forge. Sam (photo, à g.) et Gil sont des patrons de bars très fréquentés dans le quartier. Avec d’abord le Café In en 2002 rue de Cuire (devenu depuis l’Oiseau sur sa branche), l’ouverture du Café Bull, place de la Croix-Rousse en 2009, puis celle du Drôle de Zèbre place des Tapis et enfin la reprise en juin dernier du bar Aux 3 cochons, juste derrière la mairie du 4e, les deux associés connaissent l’endroit comme leur poche.
Une histoire de tradition
« Les bars sont l’identité même du quartier. c’est au cours des dizaines d’échanges et de rencontres que chacun construit et alimente l’esprit croix-roussien, explique Sam. En arrivant à la Croix- Rousse, c’est la première fois que je voyais autant de nourrices sortir avec les enfants, en les laissant jouer tout en prenant un café en terrasse à côté. j’ai tout de suite compris qu’ici, on prenait le temps de vivre », ajoute- t-il. Alors quand ils ont repris le bar de « Bebbeth », Aux 3 Cochons, Sam et Gil n’ont rien changé, même pas la peinture rose ultra-kitch. « c’est resté dans son jus. Les clients affluent toute la journée, on a des habitués. Les banquiers côtoient les papys accoudés au bar depuis quelques heures. Les clients parlent politique, s’emportent, débattent, ils n’hésitent pas à l’ouvrir et j’aime bien ça », raconte Sam.
« On connaît la vie de beaucoup de nos clients »
Même si Gil, au bar, n’est pas aussi excentrique que l’ancienne patronne Bebbeth, le bar a gardé la même clientèle. « Avant d’ouvrir le bar en 2004, Bebbeth tenait un banc de légumes sur le marché de la Croix-Rousse. Elle gérait son bar à peu près de la même manière d’ailleurs, s’amuse Sam. Quand on insistait pour payer sa consommation et qu’elle ne voulait pas, elle déchirait le billet. Et à l’inverse, quand il fallait partir, elle était capable de fracasser un verre par terre. c’est ça la Croix-Rousse : des gens entiers. Alors, on n’est pas aussi dévergondé, mais on incarne bien cet esprit. Surtout Gil, qui est très proche des clients », ajoute Sam. c’est pour cette raison que Sam et Gil aiment leur métier: à la Croix-Rousse, les clients ne sont pas de simples consommateurs d’un soir. « c’est un peu comme dans les villages, on connaît la vie de beaucoup de nos clients, ils se confient beaucoup. Ce qu’on ne trouve pas forcément dans le reste de Lyon ».